Anne de Lassagne – Redonner du sens à sa vie
Passer du bureau au champ ou à l’atelier
Graphiste, ingénieur, architecte, conseiller à l’emploi… Ils ont quitté leurs fonctions pour s’épanouir dans un mé- tier manuel, artisanal ou agricole ; pour s’ébrouer au grand air, façonner du bon pain ou créer de leurs propres mains. Une reconversion professionnelle en forme d’accomplissement personnel pour vivre au boulot, comme à la maison, en accord avec leur éthique. Rencontre avec ces néo-agriculteurs ou néo-artisans aveyronnais qui ont emprunté cet itinéraire.
Conseillère Pôle Emploi en région parisienne, cette Villefranchoise d’origine se lance dans le travail du vitrail. Plus qu’une reconversion : un cheminement pour « perpétuer le beau ».
Anne de Lassagne prévient d’emblée : « Je ne suis pas du tout manuelle ! » Mais la créativité, elle l’a toujours eu au fond d’elle-même, sans savoir comment la canaliser. Conseillère à Pole Emploi à Nanterre, titulaire d’un BTS gestion commerce à la CCI de Rodez, Anne a supporté « une vie qui n’avait aucun sens, un sentiment d’impuissance au travail, un climat de violence venant des demandeurs d’emploi comme de la hiérarchie »… C’est un séjour en vacances chez sa mère, à Villefranche, qui l’a fait basculer. Elle quitte son emploi et porte un double projet : d’abord le rachat de la maison du poète et écrivain villefranchois Jean-Raymond Boudou, rue Saint Martial, qu’elle va transformer en gîte pour les pèlerins de Compostelle. Ensuite une formation de neuf mois dans l’art du vitrail, qu’elle a démarrée en octobre, et l’installation de son atelier prévue à terme dans la bastide.
« C’est un choix militant : il faut perpétuer ces savoir- faire ancestraux », raconte celle dont les ancêtres étaient des gentilshommes verriers. Et le choix du vitrail n’est pas anodin. « Le vitrail, c’est la lumière. C’est en quelque sorte une quête spirituelle : une reconversion professionnelle mais aussi dans ma foi, et l’engagement de perpétuer le beau. » A 37 ans, Anne de Lassagne est sûre d’une chose : « Je serai plus en en phase avec ma vie, à travers ce métier manuel. »
Texte : Agnès d’Armagnac – Photos : Anne de Lassagne