Aqbus – Plongée en eaux troubles

A 37 ans, Yann Laffont de Colonges opère en tant que scaphandrier au sein de sa société Aqbus, créée en 2013 à Vailhourles près de Villefranche-de-Rouergue. Un métier où le risque se mêle à l’exaltation…
« Il y a deux ans, alors que j’étais en intervention dans une retenue d’eau sur une rivière, un clapet de 20 mètres de long et 4 mètres de haut s’est affalé et j’ai pris une vague de 4 mètres, qui m’a fait perdre connaissance. En reprenant mes esprits, je me suis débarrassé de mon équipement et j’ai nagé vers la berge. Résultat : une vertèbre éclatée. Dans notre métier, le risque fait partie du quotidien ! »
Lorsque Yann Laffont de Colonges se plonge dans ses souvenirs de scaphandrier, il ne cache ni les difficultés, ni les sensations et les plaisirs gratifiants d’une activité « qui est plus une passion qu’un métier ». Avec sur le corps un équipement de 30 à 40 kilos (gilet avec ceintures de plomb, casque alimenté en air par un narguilé qui le relie à la surface, boitiers pour communiquer entre plongeurs et gérer l’alimentation en air…), il réalise des travaux subaquatiques aussi divers que de la chaudronnerie, de la soudure, de l’inspection de ponts ou de barrages, de la découpe, de la bathymétrie. Dans des rivières mais aussi des centrales hydroélectriques, des stations d’épuration, des milieux très confinés… Parfois, il réalise des vidéos sous l’eau pour montrer à ses clients les travaux réalisés.
C’est la recherche d’un « métier qui sort de l’ordinaire et qui apporte des sensations » qui a incité le jeune Aveyronnais (au lycée à Villefranche-de-Rouergue) à tenter cette voie. Fort d’un CAP soudure-chaudronnerie et d’une formation à l’Institut national de plongée professionnelle (INPP) à Marseille, Yann Laffont de Colonges est alors recruté comme scaphandrier en 2004 par la société Traq à Cahors. Après neuf années d’exercice, il crée sa propre société à Vailhourles aux portes de Villefranche : Aqbus.

Aujourd’hui, notre plongeur en génie civil compte parmi ses clients des noms prestigieux comme la Shem, Suez Environnement, Veolia, quelques centrales hydroélectriques, GHMV… sur tout le Sud-Ouest de la France. « Comme il faut trois plongeurs à chaque intervention, je travaille souvent avec un ancien collègue qui a créé la société Altisub dans le Lot, et avec un scaphandrier intérimaire à Capdenac », raconte le patron d’Aqbus.
Ce qu’il aime dans son métier ? « Le challenge, la variété des missions, la créativité à avoir face à des situations compliquées. Pour être un bon scaphandrier, il faut être volontaire, savoir s’adapter rapidement, être réactif et ingénieux ! » La forme physique est également indispensable : si Yann Laffont de Colonges ne travaille « que » dans des zones de 0 à 30 mètres de profondeur (donc pas soumis à de gros paliers de décompression), il faut supporter d’évoluer dans du courant, de l’eau froide, descendre des barrages en rappel… Parfois faire de la spéléo ! « Appelés en urgence sur le site du CEA à Gramat, nous avons dû descendre sur 150 mètres pour arriver dans un trou, faire passer le matériel, descendre en rappel sur 50 mètres, marcher dans un gouffre pendant une demi-heure, pour enfin arriver sur notre zone d’intervention souterraine », se souvient notre Aveyronnais.
Scaphandrier, un métier d’avenir ? Pas forcément, tempère ce dernier. « Le milieu devient compliqué, car de nouvelles formations se sont créées, mettant sur le marché un afflux de candidats dont le nombre est supérieur à la demande… Par ailleurs, les petites entreprises comme la mienne doivent gérer le durcissement de la réglementation, même si les enjeux de sécurité sont évidemment importants. » Mais avec Aqbus et son savoir-faire, Yann Laffont de Colonges tire son épingle du jeu et continue d’être « comblé » par ce métier insolite, aussi excitant qu’éprouvant.
Texte : Agnès d’Armagnac
Photos : Franck Tourneret
Aqbus
12200 Vaihourles
Tél : 06 09 48 18 09
aqbus@sfr.fr
Site internet : www.aqbus.fr