Cyril Lignac – « Tout est possible »

On ne présente plus le très médiatique et très sympathique Cyril Lignac ; c’est LE chef cuisinier et pâtissier que les Françaises et Français adorent, surtout en Aveyron d’où il est originaire. Né en 1977 à Rodez, formé chez les soeurs Fagegaltier, attaché à ses racines sur lesquelles il revient souvent, il est une figure qui fait rêver, tout en cultivant une simplicité et une proximité avec le public. Il répond aux questions d’Atout Aveyron pour les lectrices et lecteurs du territoire.
Vous êtes actuellement à Dubaï pour l’ouverture d’un nouveau restaurant. Pourquoi le choix de cette implantation ?
Dubaï est une ville en pleine effervescence, avec une scène culinaire très intéressante, une énergie incroyable et un niveau de qualité exceptionnel. C’était une adresse idéale pour ouvrir un Bar des Prés, d’autant plus au 51ème étage de l’emblématique ICD Brookfield Place : nous avons une vue incroyable qui rend l’expérience plus unique encore.

Crédit photo : Toby Davis

Crédit photo : Yann Deret
Comment est né votre goût pour la cuisine ? Quels sont vos souvenirs d’enfance autour de la gastronomie ?
Je me rappelle de l’ambiance joyeuse des dîners organisés par mes parents ; pour moi, la cuisine était intimement liée au fait de donner du bonheur aux gens. C’est donc tout naturellement que je me suis dirigé vers les métiers de la restauration.
Vous avez souvent parlé de votre passage à Belcastel, chez Nicole Fagegaltier, durant votre formation. Pouvez-vous revenir sur cette expérience ancrée en Aveyron ?
À 19 ans, alors que j’effectuais mon CAP cuisine, je me souviens avoir feuilleté un exemplaire du magazine de cuisine professionnel Thuries, dans lequel figuraient portraits et créations de grands chefs. Avec, parmi eux, Nicole Fagegaltier, Cheff e du restaurant étoilé du Vieux Pont à Belcastel, un village voisin de Rodez. Pour moi, c’était la première fois que le rêve était si proche. Je suis allé dîner chez elle avec un ami, et j’ai été fasciné. Le lendemain, je lui demandais de me prendre en apprentissage. Au départ, ça n’a pas été évident, mais avec beaucoup de travail et la patience sans faille de Nicole, je me suis épanoui. C’est là que ma passion pour la cuisine a véritablement éclos.
Vous avez une dizaine de restaurants, à Paris, Londres ou Dubaï. Quel est le fil rouge entre tous ces établissements ?
Chacun de mes restaurants est différent, avec une identité propre. Mais tous ont été imaginés pour offrir une expérience unique autour d’une cuisine de grande qualité, d’un décor où l’on se sent bien et d’une belle énergie.

Crédit photo : Toby Davis

Crédit photo : Boz Gagovsk
Chef cuisinier, pâtissier, restaurateur, chef d’entreprise, présentateur télé… Comment définissez-vous votre métier aujourd’hui ?
Mon coeur de métier, c’est cuisinier. C’est lui qui m’a amené à
entreprendre dans l’univers de la restauration, à créer mon groupe et à participer à des émissions de cuisine qui ont considérablement élargi le champ des possibles. Aujourd’hui, je suis tout à la fois cuisinier, pâtissier et entrepreneur.

Crédit photo : Yann Deret
À quoi ressemble une journée avec Cyril Lignac ? Cuisinez-vous encore ?
Heureusement, oui ! Que ce soit dans mes émissions télé en direct, dans mes restaurants ou dans mes pâtisseries. Mais j’ai la chance d’avoir des équipes de confiance à qui confier les cuisines lorsque je ne suis pas là. Avec Aude Rambour, ma Cheffe Exécutive, nous réfléchissons ensemble aux plats que nous mettons à la carte ; nous faisons beaucoup d’essais pour trouver la combinaison parfaite. Je donne donc l’orientation, je définis les plats qui sont à la carte, puis je confie l’exécution quotidienne à mes équipes.
De l’Aveyron à l’empire Cyril Lignac, vous êtes un exemple de « success story » à l’aveyronnaise. Comment une telle trajectoire a-t-elle été possible ? Si vous avez parfois senti des freins, votre origine rurale en était-elle un ?
J’ai eu beaucoup de chance, mais j’ai aussi beaucoup travaillé pour en arriver là aujourd’hui. Être originaire de l’Aveyron n’a jamais été un frein, bien au contraire. J’en suis très fier, c’est un socle solide et de belles valeurs qui m’ont construit et que je garde précieusement.

Crédit photo : Jerome Galland
Comment se fait-on une place dans des milieux si éloignés de notre environnement de naissance ?
Par le travail, l’humilité et la passion. Les choses viennent petit à petit.
Comment définiriez-vous la gastronomie aveyronnaise ? Qu’en gardez-vous dans votre façon de penser la cuisine ?
La cuisine aveyronnaise est une cuisine de terroir, généreuse et authentique. L’Aveyron offre une grande diversité de produits : la viande d’Aubrac, le roquefort, l’aligot… Ce sont des mets chaleureux qui respirent la convivialité et la simplicité.

Crédits Photos : Geraldine Martens
Propos recueillis par Charlotte Izzo.
Qu’est-ce qui vous anime aujourd’hui ?
Entreprendre et créer de nouveaux restaurants de la carte à la décoration en passant par l’identité sonore et l’art de la table. Ce qui me passionne aussi, c’est de faire évoluer les collaborateurs du groupe, de découvrir de nouveaux horizons, de continuer à apprendre et à aiguiser ma curiosité du monde. En fait, j’ai la chance de travailler de ma passion.
Dans ce numéro, nous avons beaucoup parlé de la notion d’inclusion. Selon vous, où en est cette question en France en 2025 dans le secteur de la gastronomie et de la restauration ?
Cette question a fait des progrès considérables ces dernières années, et nous sommes sur la bonne voie. De plus en plus de femmes sont cheffes de cuisine, on ouvre plus facilement la porte à des personnes en situation de handicap, on fait davantage confiance à des profils ayant moins d’expérience au profit d’une grande motivation. Le groupe Lignac va également dans ce sens, et il faut continuer de l’encourager.
Si vous aviez un message à transmettre aux jeunes, et plus particulièrement aux jeunes Aveyronnaises et Aveyronnais, quel serait-il ?
Tout est possible !