Les Fleurines, de la Bastide au XXIe siècle
Diplômé en génie électrique et en commerce, Romain Bouillard est à la tête d’un hôtel de près de 30 chambres. Un établissement ultra-contemporain, baptisé Les Fleurines, qui témoigne de l’audace de ce jeune entrepreneur de 31 ans et de son affection pour sa ville natale.
Son hôtel villefranchois effleure la chapelle des Pénitents Noirs : un monument classique en façade, mais richement peint et sculpté à l’intérieur. Romain Bouillard y a-t-il vu un signe du destin ? Son établissement en tout cas reprend les mêmes codes.
Les murs des Fleurines, mêmes recouverts de zinc et d’un jardin vertical, ont conservé leurs atours historiques : ferronnerie, arceaux en pierre et vieilles portes en bois. Quand les chambres marient matières et couleurs dans une explosion de modernité.
Avec Les Fleurines, le jeune hôtelier de 31 ans n’a pas seulement réinvesti sa ville natale ; il a ouvert également des pistes pour la rénovation de la Bastide, en démontrant que le contemporain y a toute sa place.
Avant 2009 pourtant, il travaille chez Labinal à Villemur-sur-Tarn, en qualité de responsable de projets. Premiers pas logiques pour ce diplômé d’un BTS électrotechnique et d’une école de commerce, mais pas pertinents. Romain Bouillard ne se sent pas à sa place et finit par opter pour la filière familiale.
Fils d’hôteliers-restaurateurs (ses parents tiennent Le Relais de Farrou, tout proche) et fan de déco, il s’associe alors à la jeune architecte Fanny Grès pour créer « un hôtel différent, en dehors des standards, en centre-ville de Villefranche-de-Rouergue. » Et c’est rue de la Haute-Guyenne, là où certains se souviennent être venus prendre un café dans le temps, qu’il accroche l’enseigne des Fleurines en juillet 2010.
Cinq ans après avoir ouvert ce premier bâtiment de dix-huit chambres et suites, il inaugure en 2015 dix chambres supplémentaires – dont quatre appart’hôtels – en rachetant à la mairie le centre social voisin. Une reconversion rêvée et réussie, à laquelle il y a certainement plus d’une explication rationnelle…
« Un endroit atypique pour vivre
une véritable expérience en Bastide. »
Romain Bouillard
L’intérieur résolument contemporain de son hôtel est fait pour mettre en valeur les traces du passé. Bien sûr, il y a les lits king size, les salles de bain décloisonnées, le confort des grandes ouvertures, la salle de sport, l’espace de travail de 110 m2 et le spa sur la terrasse … Mais les vrais plus, ce sont ces petites fenêtres qui s’ouvrent comme un cadre sur la chapelle des Pénitents Noirs, les petits-déjeuners à prendre sur les pavés ou sur les petits balcons en fer forgé, cette vue depuis les étages sur les toits de la ville.
« Les clients d’autrefois recherchaient simplement un lieu pour dormir, explique Romain Bouillard. Aujourd’hui, nous leur proposons un endroit atypique pour vivre une véritable expérience en Bastide. C’était pourtant un défi de créer cette structure ici, alors que ça aurait certainement marché dans des grandes villes comme Toulouse ou Montpellier. »
Mais le jeune homme « adore » Villefranche. Et particulièrement ce Villefranche, qui a le goût du tourisme et du patrimoine : « La ville a plein de potentiel et ne demande qu’à connaître une deuxième jeunesse. »
En imposant sa façade contemporaine – au terme de trois dépôts de permis de construire ! – et son mur végétal, qui « ramène de la vie dans un espace très minéral », Romain Bouillard a voulu participer, à son échelle, au cadre de vie. « On a un rôle à jouer dans le développement économique et touristique. Il ne tient qu’à nous d’avoir une belle ville, une belle Bastide. Meilleurs on sera et meilleure sera l’attractivité. Mais pour cela, il faut aussi savoir créer du lien et de la proximité avec les gens. »
Épaulé par une équipe de cinq personnes et connecté en permanence aux réseaux sociaux, il possède cet art de l’entregent. « Je suis né là-dedans, rappelle-t-il. J’ai grandi derrière la caisse et le bar aux côtés des mes parents et, plus tard, j’ai été serveur ou plongeur durant les étés. Alors c’est vrai qu’ado, j’ai eu envie de faire autre chose, de ne pas reproduire le schéma familial. Mais très vite, il m’a manqué quelque chose. Ce métier est fait de rapports humains, de contacts avec les clients. C’est tout mon environnement. »
Texte : Mélisa GUENDOUZI
Photos : Franck TOURNERET