Hugo Matha, le goût du luxe et de l’artisanat
Les Aveyronnais, ambassadeurs du département à Paris
Ils ne sont pas les premiers ! Plus de 300 000 Aveyronnais ont fait ce chemin avant eux. Depuis, Rodez, Decazeville, Villefranche-de-Rouergue, Millau ou Bruéjouls ; Marie Chamaillard, Alain Layrac, Benjamin de Lassagne, Olivier Fabre et Hugo Matha, ont un beau jour décidé de monter à Paris. Pour travailler, entreprendre, développer leur business. Pour réaliser leurs rêves surtout. Ils n’ont pas pour autant coupé les liens avec l’Aveyron. Et reviennent très souvent pour se ressourcer, se reposer. Et s’inspirer !
Ascension fulgurante pour ce jeune créateur aveyronnais, dont le talent bouscule le monde de la mode. Hugo Matha présente en septembre sa collection printemps-été 2018 à la Fashion Week.
« Dans ma jeunesse, j’étais passionné par tout ce qui est lié à l’art plastique. J’aimais travailler les matières, découper, coller, assembler », se souvient Hugo Matha. Le jeune Aveyronnais a grandi au cœur du vallon de Marcillac, enfant de vignerons à Bruéjouls. Très tôt, il sait ce qu’il veut : il se bat pour décrocher des subventions de la Région, crée un défilé à Rodez où il présente sa première collection de maille. « C’était un défi et je l’ai réussi, sourit-il. Ma mère m’a poussé vers Paris, dans le quartier du Sentier, temple du prêt-à-porter. Là-bas, j’ai rencontré une industrielle qui m’a proposé de créer toute une collection pour Shanghai et… à Shanghai. »
Hugo Matha reste alors huit mois en Chine, où ses collections font un tabac. « Cette vie était très agréable, mais je ne voulais pas continuer à créer des collections dans le sens d’un marché qui me dépassait. A mon retour en France, j’ai repris mes études dans une grande école de stylisme. Les professeurs parisiens m’ont remarqué pendant mon BTS design de mode à Duperré. »
C’est la création d’une pochette en plexiglas qui va changer le cours de sa vie professionnelle. Ses professeurs lui conseillent de créer sa marque. Lors d’un défilé à Paris, ce sont cette fois les journalistes qui l’incitent à participer à la Fashion Week. Hugo Matha contacte tous les acteurs de la profession et c’est la boutique célèbre de luxe Colette qui se laisse séduire. Elle lui commande toute une collection d’accessoires. Amoureux des mélanges singuliers, le jeune créateur fait venir les cuirs et les bois d’Aveyron (chez Alric), pour façonner des sacs mêlant artisanat et excellence industrielle.
Dans la ville lumière, il faut croire qu’une bonne étoile veille au-dessus de la tête d’Hugo Matha. Il y a trois ans, alors qu’il est en train de parler à un ami dans un café de son envie de créer des uniformes, une personne se trouvant attablée à côté, l’interpelle. Elle fait partie du groupe Rosewood qui assure la gestion d’hôtels de luxe, dont l’hôtel du Crillon. Et recherche justement un styliste pour créer tous les uniformes du personnel, à l’occasion de la réouverture du Crillon. « Il fallait que ce soit très chic, très parisien et différent des codes habituels : un véritable nouveau défi », souligne Hugo Matha.
Ce dernier dessine alors une multitude de planches en hommage aux grands couturiers français, comme Yves Saint Laurent. Une créativité validée par le directeur de l’hôtel de Crillon. Ouvert depuis cet été, le palace met ainsi à l’honneur le talent de notre Aveyronnais, au travers de la garde-robe des femmes de chambre, serveurs et portiers : pas moins de 90 modèles destinés aux 400 employés !
Texte : Thierry Métaireau