Jean Fabre – Un grand monsieur du rugby
Un salon porte depuis peu son nom au cœur du nouveau stade Paul-Lignon. Un hommage bien mérité pour l’Aveyronnais Jean Fabre, qui derrière sa belle carrière de joueur et de dirigeant de rugby cultive sagesse, modestie, espièglerie et bienveillance. Tout un morceau d’histoire… Dont voici quelques extraits.
Quels sont vos premiers souvenirs de sport ?
J’ai toujours aimé bouger, c’était dans mes gênes. Gamin, nous nous retrouvions entre bandes issues de chaque quartier de Rodez pour faire du sport. J’ai fait beaucoup d’athlétisme, mais je viens d’une famille où l’on aimait beaucoup le rugby. Mon père était fanatique du Stade Ruthénois, il m’emmenait le dimanche à Paul-Lignon. J’étais fasciné par les couleurs sang et or des joueurs. À quatorze ans, j’ai joué mon premier match avec ce maillot ; c’était incroyable.
Vous n’avez plus arrêté ensuite.
J’ai joué à Rodez, puis je suis parti étudier à Toulouse. C’était une autre époque : il n’y avait pas la professionnalisation, la priorité restait aux études. Mais j’ai été gâté, car je me suis passionné pour les mathématiques. En 1955, j’ai intégré le Stade Toulousain pour une quinzaine d’années, avant de revenir jouer à Rodez à la fin de ma carrière : un choix sentimental. Entre temps, j’ai eu la chance de connaître la sélection en équipe nationale, et même le poste de capitaine.
Qu’y avez-vous appris ?
Que si la qualité physique est fondamentale à un tel niveau, le plus important est l’amitié dans l’équipe. Je l’ai vécu à Rodez, à Toulouse et en équipe de France ; finalement, ce qui reste, c’est l’aventure humaine. L’environnement compte aussi, et c’est pourquoi le nouveau stade Paul-Lignon est vraiment formidable. Les émotions dans un tel écrin ne s’expliquent pas, il faut les vivre.
Vous avez aussi été un grand dirigeant, notamment comme
Président du Stade Toulousain. Quelle était la spécificité de votre regard ?
Le rugby n’est pas qu’un projet sportif, c’est un projet de club, qui rayonne sur la ville et participe à son développement. Je crois aussi que l’on doit s’investir dans l’avenir des jeunes, comme le fait le centre de formation du Stade Toulousain. Mais ce qui compte le plus, c’est d’avoir le sens de l’histoire, tout en se tournant vers l’avenir. J’ai toujours essayé de mettre en musique ces deux éléments. « Notre force est dans notre histoire », voilà ce qui fait qu’un club est particulier.
Texte : Charlotte Izzo – Photos : Valentin Izzo