LES FONDEURS DE LA SAM – MAGICIENS DE L’ALUMINIUM

DOSSIER : L’industrie n’a pas dit son dernier mot
L’ex sous-traitant de Renault pour des pièces en aluminium a subi de plein fouet la délocalisation de sa production. Pourtant, les possibilités de diversification de la fonderie située à Viviez sont larges.
C’est en 1958 que l’histoire commence : dans le bassin de Decazeville naît la première fonderie sous pression pour produire des pièces moulées en zamak à Vieille-Montagne. En 1970, la société connaît sa première grande crise et dépose le bilan avant d’être reprise par la société Cochet. A l’époque, les skis Rossignol s’intéressent déjà de près au bâtiment de la zone des Prades. Un atelier de traitement de surface cuivrage, de chromage, de laitonnage sera instauré avec de nouveaux clients : Textil Mode et SEV Marchal qui rachète l’usine en 1973 et crée la SAM. La société fabrique ses premières pièces de magnésium. Renault signe avec la SAM l’année suivante pour qui elle fabriquera des pièces en aluminium. Valéo rachètera SEV Marshall, puis viendront ensuite les années du groupe ARCHE dès 1989, et l’ère de Patrick Bellity de 2007 à 2016. Après un dépôt de bilan en 2017, Jingjiang reprend le site qui sera finalement placé en redressement judiciaire deux ans plus tard. Le tribunal de Toulouse prononcera la cessation d’activité de la société le 26 novembre dernier, refusant la proposition de reprise de Patrick Bellity.


Mais la SAM avant que le groupe ARCHE ne se consacre qu’à un seul client automobile, comptait de nombreux clients : elle fabriquait des têtes de grenades par millions, des pédales de vélo pour le Tour de France jusqu’aux boutons de portes coulissantes… des tablettes pour TGV, des luminaires. Les donneurs d’ordres ont été multiples, à l’instar de Sagem, Salomon, Siemens et bien d’autres du secteur automobile. Car l’atout majeur des fondeurs de la SAM, c’est selon eux d’être capable de s’adapter à toutes les demandes. « On part de l’étude de la pièce, on peut adapter nos moyens de production à toute demande de modification », souligne un ancien salarié. « On peut fabriquer n’importe quelle pièce, il suffit d’avoir les moules qu’on peut développer grâce au bureau d’études à partir d’un seul document », poursuit un collègue. Une expertise de ces magiciens de l’aluminium, alliage refondable à l’infini, qui mériterait selon eux d’être explorée dans les pistes d’avenir du site, alors que les potentialités de diversification sont réelles.
Le lotois MH Industries, repreneur potentiel ?
C’est justement le savoir-faire et les qualifications des fondeurs de la SAM qui ont intéressé Matthieu Hede, le président de MH Industries, PME lotoise située notamment à Albi, Vayrac et Brive. La Région a récemment voté une aide de 1,2M€ pour lancer une étude de faisabilité d’une nouvelle fonderie sur site, en lien avec l’Etat et les représentants du personnel. Celle-ci devrait être finalisée au troisième trimestre 2022. Une nouvelle que les salariés estiment encourageante même s’ils se disent «vigilants» quant à l’avenir du site.
Texte : Aurore Cros – Photo : Franck Tourneret