L’inclusion en Aveyron… vue par Stéphanie Sabarly

Stéphanie Sabarly est « consultante en stratégie RH inclusive, santé au travail, qualité de vie et des conditions de travail (QVCT) » et hypnothérapeute. Une grande professionnelle qui élève l’inclusion en « priorité absolue » et en maîtrise parfaitement les enjeux et spécificités pour nos territoires.

Pouvez-vous revenir sur votre parcours ?

Il est un peu atypique ; je fais partie de cette première génération de cadres de grands groupes internationaux qui ont commencé à se poser la question du sens au travail, des valeurs humaines et de justice sociale. Cela m’a valu une reconversion à trente ans vers les métiers de l’accompagnement professionnel, qui parlent de l’équilibre entre l’individu et le collectif, ainsi qu’un retour en Aveyron où j’ai exercé comme conseillère en emploi, puis comme chargée de mission de maintien en emploi et directrice de l’ASAC, qui fonctionne comme une agence d’intérim de l’économie sociale et solidaire. J’ai adoré toutes ces expériences qui m’ont beaucoup appris des problématiques spécifiques au territoire rural, des sujets de handicap ou d’insertion au travail, et m’ont permis d’avoir une vision assez large des diff érentes typologies de structures et de relations au travail. Puis je me suis lancée à mon compte comme consultante indépendante, avec une double casquette : auprès des entreprises et des individus.

Comment définissez-vous la notion d’inclusion ?

On a tendance à la focaliser sur le handicap, qui est un gros volet de la réflexion sur une société inclusive, mais pas le seul. J’aime beaucoup l’idée de « biodiversité humaine ». L’inclusion consiste à réfléchir collectivement à ce que signifie bien vivre ensemble, et au niveau de l’entreprise, bien travailler ensemble. L’inclusion, c’est la façon dont la société choisit d’évoluer pour faire en sorte que chacun trouve sa place – et non pas que chacun se rapproche de la norme. Le non-respect de la biodiversité amène des catastrophes terribles ; c’est la même chose au niveau humain. Une société qui exclut se met en danger. Il est prioritaire de se poser la question du handicap, de l’égalité hommes-femmes, de l’égalité des chances, mais aussi de la santé au travail (des salarié-e-s mais aussi des dirigeant-e-s), de l’intégration professionnelle de tous les parcours… Je pense aussi à une problématique qui va être cruciale dans les années à venir : les salariés aidants (de conjoints malades ou de parents vieillissants, par exemple) qui représentent 19 % de la population active !

Vous aidez les entreprises à réfléchir à ces problématiques et à mettre en place des solutions ?

Tout à fait. D’abord via des ateliers pédagogiques de sensibilisation, autour de trois sujets liés : l’inclusion, la santé au travail et les QVCT * . Il s’agit ensuite d’accompagner les entreprises de façon individualisée, autour des problématiques qui leur sont propres (le turn-over, les tensions de recrutement, la multiplication des petits arrêts maladie…) afin de mettre en place une dynamique et des actions concrètes, et de fédérer le collectif autour de celles-ci. Parfois, mon action peut aussi être très opérationnelle, pour répondre rapidement à des situations spécifiques : comment adapter un poste de travail à un salarié handicapé ? Comment éviter une situation d’inaptitude ? Comment gérer un retour au travail après une longue maladie, ou sécuriser un parcours ?

Où en est le sujet de l’inclusion en Aveyron ?

C’est un sujet central. Tous les territoires ne sont pas égaux face à l’avancée des problématiques ou même des moyens, mais j’ai l’impression que l’on commence véritablement à s’en saisir. Mon vœu est d’aller rapidement plus loin que la sensibilisation, d’instituer de vraies politiques inclusives dans les entreprises du territoire. Pour cela, il n’y a pas de recette magique, il faut mettre en place des outils au cœur des entreprises, jusqu’à créer une véritable culture de l’inclusion. C’est ce long travail que j’accompagne.

Quel est votre message pour les entreprises ?

Il est toujours plus diff icile de s’adapter dans une situation de crise. Le meilleur moment pour réfléchir à tous ces sujets, c’est quand tout va bien : anticiper et prévenir est important. Et puis on voit que les entreprises qui passent le cap de politiques RH ou même commerciales inclusives réussissent mieux que les autres ! Elles ont une meilleure marque employeur, de meilleurs résultats et gains de productivité, plus de créativité, moins de turn-over… S’occuper de ces sujets, c’est de fait s’occuper de la performance de son entreprise. Un collectif qui a un vrai projet attire les individus, et les individus qui ont l’espace pour exprimer leur individualité enrichissent la vision collective. Je reste très orientée sur les résultats, et il y en a, éthiques, comme économiques.

Propos recueillis par Charlotte Izzo – Photos : Franck Tourneret

Stéphanie Sabarly : 07 85 38 93 66 – www.stephanie-sabarly.fr