Marco Macheda, relieur par passion
Depuis son atelier de la pépinière d’entreprise Chrysalis à Decazeville, Marco Macheda, artisan-relieur, joue à sa manière les ambassadeurs des savoir-faire français.
Dans le travail comme dans les relations humaines, Marco Macheda est un professionnel exigeant. Relieur depuis le printemps 2014, installé à la pépinière d’entreprise decazevilloise, l’artisan restaure, consolide et protège livres anciens et contemporains, en même temps qu’il défend avec ardeur son savoir-faire. Issu d’une filière comptabilité-gestion –« j’ai toujours su qu’un jour je serais chef d’entreprise »- Marco Macheda a travaillé quatorze années dans une administration avant de se décider à exploiter ses talents manuels et sa dextérité. « Mon grand-père était ébéniste et j’ai toujours travaillé le bois ; comme j’ai toujours adoré les vieux livres et les grimoires en cuir ». Le déclic, comme souvent, est venu d’une rencontre. « Je ne savais pas que le métier existait encore lorsque j’ai fait la connaissance d’une relieuse… ». Soucieux de la mission du livre, de son utilité comme de son esthétique, Marco Macheda, originaire de Haute-Savoie, se met alors en quête d’une formation « dans les règles de l’art. La reliure, ce n’est pas du bricolage. Il y a toute une éthique à respecter ». Et c’est dans le Gers, auprès du service des archives départementales, « un des rares qui possèdent encore un atelier de restauration », qu’il apprend la rigueur et la minutie qu’exige ce métier d’art. CAP en poche, il s’installe ensuite à Decazeville –« une opportunité »- où son travail d’artiste-artisan séduit les bibliophiles, les collectionneurs autant que les collectivités territoriales et les professionnels du droit. Aujourd’hui, entre reliure -« la partie extérieure qui vient protéger le livre »- et restauration –« ramener un ouvrage dégradé à son état initial », le professionnel dispense des stages de Decazeville à Rodez. Avec en filigrane la volonté de « démocratiser la reliure et de la débarrasser de son image poussiéreuse. On a souvent en tête l’image du papier-marbre, mais on utilise aussi des papiers plus modernes, des cuirs ou similis, des toiles enduites, qui parlent davantage aux générations d’aujourd’hui… ». Avec ses cours, ouverts à tous, Marco Macheda met aussi sa créativité, son sens du partage, au service de son métier et se pose en ambassadeur de tous les savoir-faire artisanaux : « Je restaure le patrimoine, mais il ne faut pas oublier que mon travail fait aussi partie de ce patrimoine. Et c’est en transmettant mes techniques au plus grand nombre que je les approfondis et que je les perpétue…».
Texte : Mélisa Guendouzi
Photos : Frédéric Garrigues