Pierre Prévost – Sculpteur de plaisanteries
A deux pas de Villefranche-de-Rouergue, Pierre Prévost façonne des sculptures bizarres et rigolotes en utilisant uniquement des objets du quotidien. Portrait d’un artiste qui aime la transgression, le rire, adepte d’un art populaire accessible à tous.
Une barrique, deux faux, deux seaux à charbon, des tuyaux, des balais, un bac à glaçon et deux moules à tarte : et voilà un cheval ailé, majestueux et intriguant, peint en bleu. Des mains de Pierre Prévost surgissent des créatures souvent animalières, destinées à interpeller et amuser le regard. Pierre Prévost, un Parisien d’origine qui s’est installé à Cajarc dans le Lot puis en Aveyron dans les années 1970 : formé aux Beaux-Arts, il propose des sculptures qui loin de la morbidité prisée dans l’art contemporain, se veulent être des plaisanteries. « Je veux que ce soit plaisant », insiste ce grand enfant de 76 ans. Ce n’est pas pour rien qu’il aime enseigner aux écoliers du coin, comment transgresser les objets du quotidien, les détourner de leur fonction utilitaire pour inventer un personnage, un poisson, une girafe. A Villeneuve, récemment, les œuvres des enfants ont ainsi été exposées dans un square. « Les enfants sont le meilleur public car ils ont un grand imaginaire et ne considèrent pas ces sculptures comme des marchandises ! »
L’art pour faire surgir le rire, mais aussi l’art accessible à tous : Pierre Prévost préfère à l’entre soi des galeries d’art, le partage avec les passants en positionnant ses sculptures dans villes et villages. « Je milite pour une fonction populaire de l’art, c’est aussi la raison pour laquelle, afin que les sculptures parlent au plus grand nombre, j’utilise les objets en métal du quotidien, qui ont eu une vie. » Pouvait-on imaginer tirer de la poésie d’une fourchette ou d’une poêle ?
« Je ne sais pas si je suis sculpteur, s’amuse Pierre Prévost ; je suis peut-être poète. Avec une idée en tête, je cherche des objets, je les assemble, les peins en couleurs primaires pour égayer et pour que la lecture ne soit pas immédiate. »
« Je ne sais pas si je suis sculpteur ! Je suis peut-être poète. »
Ce « jongleur de formes » expose en France, un peu aux Etats- Unis, et transforme les moments de vente en instant de partage car il aime bien « faire connaissance avec l’acheteur, savoir où va aller la sculpture ».
D’un tempérament enthousiaste et d’une grande vitalité -selon ses dires-, l’artiste installé dans une antre incroyable à la Rouquette fourmille de projets : être l’objet d’un film sur son travail, faire un livre, encore exposer… « Aujourd’hui, je suis un enfant qui fait ce qu’il veut », conclut cet amoureux de la liberté, qu’il colore sans cesse de fantaisie.
Texte : Agnès d’Armagnac – Photos : Franck Tourneret