Régis Najac – Troubadour à la fine lame

Un couteau pliant au bout rond : voilà ce que fabrique Régis Najac, créateur au cœur libre, dans son atelier d’artisan pur jus au cœur de Najac.

Il y a un peu d’Astérix dans le personnage. « Je suis un artiste, un farfelu, pas conformiste ; je tiens à mon indépendance », confie Régis Najac. L’artisan coutelierqui porte le nom du village aveyronnais (il fallait le faire), est un électron libre mû par des envies de créativité, habile de ses mains et musicien à ses heures perdues. Il sera passé dans sa jeunesse, par la Marine, l’aquariologie (il a créé l’aquarium du Célé à Figeac) puis le bâtiment, pour se lancer il y a 12 ans dans la confection de ce couteau de la paix, le Najac, au bout arrondi. « J’ai créé la légende autour de ce couteau, et avec cet aspect populaire, cet imaginaire, cela a fonctionné ! »

Si la lame du Najac – c’est aussi le nom du fameux couteau – est découpée par Forge de Laguiole, en sous-traitance, c’est Régis Najac qui fabrique les manchesdans son petit atelier chargé de machines, de couteaux de tout type, de photos de Mélenchon et de posters. « J’aime bien faire des manches avec des matériaux qui ont une histoire », sourit-il dans sa moustache. Beaucoup de manches en chêne du coin, mais aussi réalisés à partir de poutres du 13e de la Maison du Gouverneur à Najac, d’un morceau de bois de la barque de Georges Brassens, de manches de guitare, de bois de cerf et d’os de chameau, et plus modernes, d’acrylique colorée ou de brisures de pots de yaourt. C’est la Maison Mercorne, en Lozère, qui lui fournit « une gamme fabuleuse », des plaques ne demandant qu’à être transformées, polies et montées d’une lame.

Aujourd’hui, frisant les 70 ans, Régis Najac aimerait bien commencer à transmettre sa passion. « Je pourrais avoir une production plus industrielle, mais je ne suis pas un homme d’affaires », souligne-t-il. Plutôt que de penser stratégie de développement, l’artisan du couteau de la paix préfère aller jouer de la guitare et chanter ses chansons, là où le vent le mène.

Texte : Agnès d’Armagnac – Photos : Franck Tourneret