William Maury Les Sisters, une success-story aveyronnaise incontournable
Le Millavois William Maury triomphe avec Les Sisters, une BD phénomène qui raconte avec humour et tendresse le quotidien de deux sœurs, sous l’œil complice d’un papa dessinateur. Le 19ème tome, Ça déménage !, tiré à 160 000 exemplaires et publié chez Bamboo Édition le 30 octobre, marque un nouveau chapitre : Wendy, Marine et leurs parents changent de maison. Adaptée en dessin animé sur M6, et en jeu vidéo. Rencontre avec un dessinateur insatiable.
Comment avez-vous eu l’idée de la série Les Sisters, qui vous a rendu célèbre ?
William Maury : À l’époque, je travaillais sur une BD polar avec le réalisateur Georges Lautner. En parallèle, je postais sur un forum internet un projet plus personnel intitulé Un air de famille, inspiré des comic strips à l’américaine comme Calvin et Hobbes. L’idée était déjà de raconter avec humour la relation entre mes deux filles : une adolescente et sa petite sœur qui l’admire. Sur le forum, j’ai pu les partager avec des passionnés, recueillir des avis et m’améliorer. Ce projet a évolué pour devenir Les Sisters.
Viviez-vous déjà de la BD à ce moment-là ?
Pas encore, je travaillais en usine. J’ai pris un congé parental à la naissance de ma deuxième fille pour passer du temps avec elle et tenter de changer de voie. Pendant les siestes, j’ai beaucoup travaillé et préparé des dossiers
Votre congé parental correspond-il à vos débuts dans la BD ?
En partie. Je veux faire ça depuis gamin. Avant, je publiais dans des fanzines et participais à des festivals amateurs. Mon premier pas concret a été une petite BD agrafée par mes soins, tirée à moins de 500 exemplaires pour le festival de Compeyres, où j’avais gagné un concours de dessin lors de l’édition précédente. Puis, en 2003, j’ai publié Albert de Montcausson avec Aveyron Éditions. C’était une BD sur la guerre de Cent Ans. Ce premier album m’a permis d’aller dans des festivals et de commencer à faire connaître dans le milieux.
C’est ainsi que vous avez rencontré et collaboré avec Georges Lautner, le réalisateur des Tontons flingueurs ?
Oui, je suis allé au festival d’Angoulême pour présenter un autre projet. Ce projet n’a pas abouti, mais j’ai appris des critiques, redoublé de travail et envoyé mes nouveaux projets à plusieurs éditeurs. Emmanuel Proust m’a proposé de réaliser des planches dans un style polar. Je ne savais pas pour quel projet, mais ça lui a plu. C’est ainsi que j’ai travaillé sur un scénario de Lautner, avec qui j’ai publié deux tomes de Barakka.
Ensuite, vous rencontrez Christophe Cazenove, votre scénariste.
Oui, on se croisait en dédicace. J’avais des idées pour des gags, mais je n’arrivais pas à les structurer. C’est le métier de Christophe. Il gère les scénaris. Il a plus de 120 publications à son actif, c’est un bosseur incroyable. Ensemble, nous avons façonné l’univers des Sisters. Le mois prochain, je commencerai le 20ème tome ! Avec lui j’ai réalisé deux autres BD avec lui, Tizombi et WAT. Je lui envoie des idées, des images, des personnages, et il revient avec des histoires.
À quel point les situations dans Les Sisters sont-elles inspirées de la vie réelle ?
Eh bien, Wendy et Marine sont leurs vrais prénoms. On exagère les situations pour l’humour, mais les bases viennent de leur quotidien et de mes observations. Nous venons de déménager dans la vraie vie, ce qui m’a inspiré. J’ai dû repenser les décors en me basant sur l’architecture des maisons locales. J’adore l’endroit où je vis, et dès que possible, j’intègre le viaduc, les paysages aveyronnais, les rues de Millau… Dans la BD, je suis moins présent que dans la série animée. Ce sont les scénaristes du dessin animé qui ont décidé de mettre les parents plus en avant pour que toute la famille s’identifie aux personnages.
Les Sisters existent en BD, en livre, en dessin animé et en jeu-vidéo. Est-ce que d’autre choses sont prévues ?
Nous avons un projet d’adaptation cinématographique en cours pour 2026. On croise les doigts !
Propos recueillis par Kévin Niloc – Photos : Franck Tourneret