Saboterie Michel Bouteille

Au beau sabot d’antan

Artisanat
10.10.2025
Saboterie Michel Bouteille

Michel Bouteille a fabriqué ses premiers sabots dans les années 1950 ; il avait environ douze ans, et c’était le métier de son père.

Quatres décennies plus tard, il reprenait le chalet Fételle paternel, dont il s'amuse à faire tourner les machines avec passion du haut de ses quatre-vingt-trois ans.

Le père de Michel a ouvert la saboterie clouterie galocherie de Rullac Saint-Cirq au début du XXème siècle. « Il avait plusieurs ouvriers et ça marchait vraiment bien ». Il faut dire qu'à l'époque, tous les gens de la campagne, des paysans aux mineurs qui venaient du charbon en sabots à Paris », explique Michel, qui sait tout de l'histoire de ces souliers d'antan. Dans les années 1950, l'outil familial est en désuétude et la saboterie Bouteille est en déclin. Mais à l'aube des années 1990, après plusieurs années passées loin du vice dans la Prato, Michel décide de redonner vie à la saboterie paternelle endormie.

Il lui faut alors plusieurs années de travail pour remettre en route les machines qui datent des années 1905. « Je me rappelle les avoir connues à la vapeur, puis à l'électricité. Aujourd'hui, je suis le troisième dans ce métier mythique qui marche très bien, c'est typique », s'amuse-t-il, « les gens aiment ».

Il ne faut d'ailleurs que quatre minutes pour façonner l'ébauche extérieure de la paire de sabots, et deux autres pour les creuser. « En moins de dix minutes, vous avez une paire de sabots à votre pointure. En fait, la manutention et les finitions à la main sont bien plus longues que le travail des machines ». Michel décore ensuite les sabots à la pyrogravure, en y imprimant des motifs de Nayoires, épis de blé ou coccinelles.

Aujourd'hui, il ouvre avec plaisir sa saboterie pour la « visite-démonstration » le mardi, jeudi et vendredi après-midi. Une visite anachronique et hors du temps, une plongée dans l'histoire de l'artisanat et des techniques du sabot et du bois : une histoire millénaire. Michel fabrique et vend aussi des quilles et des boules, et « tout un tas de bibelots comme des porte-clefs ». Son savoir-faire a été reconnu par la Chambre des Métiers du Rouergue, dont il est l'un des rares à détenir, et perpétuer encore, le savoir-faire.

Photos : Fred Garrigues
Texte : Charlotte Izzo
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