Le Petit Fournil – L’âme du pain de campagne
Kévin Soulié est un boulanger à l’ancienne. Authentique et commerçant, les marchés sont sa marque de fabrique. Le Vigneron, son pain phare, est à l’image de son étal : un bon pain de campagne aux farines nobles et locales, qui « chante » à la cuisson, se conserve longtemps et aspire surtout à être partagé.
Kévin grandit entre Campuac et la côte d’Azur. Il se forme à la restauration, touchant aux restaurants gastronomiques et à leur culture du goût. Triathlète de bon niveau, il part ensuite découvrir d’autres horizons : le Mexique, l’Espagne, puis la Suisse où il se diplôme en pâtisserie par amour des gâteaux et sensibilité aux spécialités locales, qui racontent les régions et « font voyager ». Initié à l’art du pain, il continue d’apprendre seul, en mettant la main à la pâte.
Alors quand il y a une dizaine d’années, la boulangerie de son village ne trouve pas de repreneur, Kévin s’y installe – peut-être car l’endroit a la saveur de l’enfance, celle de la pompe à huile notamment. Viendront ensuite l’opportunité de déménager à Onet-le-Château peu de temps avant le covid ; l’installation à Bourran pour son fournil plus grand ; l’ouverture de « Rodez je t’aime » au pied de la cathédrale en association avec la pâtissière Tatiana Dumetz et, dans quelques semaines, la reprise de la boulangerie de village flavinoise.
Mais c’est sur les marchés que Kévin trouve son véritable ADN. Espalion, Decazeville, Laissac, Rodez… Il y est à sa place. « J’adore les marchés, les gens sont sympas et prennent le temps. Il y a des familles, des personnes seules qui viennent papoter. C’est un moment de convivialité qui va à l’encontre de l’individualisme. Mais c’est aussi très sélectif : les gens viennent pour la qualité. »
Et pour « boucler la boucle », Kévin reprend cette année la ferme familiale, dans laquelle il produira lui-même toutes ses farines en agriculture biologique. « Je m’amuse et j’aime faire plaisir aux gens. Mais le plus important, c’est qu’au bout, ce sont nos enfants qui mangent ». Désormais paysan-boulanger, son petit fournil devient grand en consolidant ses valeurs et son authenticité.
Texte : Charlotte Izzo Photos : Franck Tourneret