Antes & Madzes – Du bon rap du cru

« Bienvenue chez nous », le troisième EP des rappeurs Antes & Madzes, sort le 22 mars. Il raconte la jeunesse de province, entre regard acéré, auto-dérision désopilante, sons hybrides et actuels, et clips coups de poing : une bombe.

Sylvain Antes & Rémi Massol sont tombés dans le rap il y a longtemps ; le premier traînait sa guitare dans les groupes de rock de MJC avant d’avoir la révélation du « meilleur style musical pour écrire », le second était un fan inconditionnel de rap français. Quand ils se rencontrent en 2015, ils se mettent à créer quelques morceaux, se choisissent un nom au flow à mi-chemin « entre vendeur de churros, groupe de rap ou salsa », et se laissent porter par les propositions de concerts. « On n’avait pas de plan, juste des rêves ». Le projet s’enracine à partir de 2017. Hyper exigeants et déterminés, Antes & Madzes ont tout à apprendre et se donnent à fond. Un premier EP sort en 2019 ; un deuxième en 2022. Leur groupe se forme : Léo Magos et Frip à la composition, Lucien Bou en indispensable manager régisseur pour coordonner toute la partie extra-musicale.

Leur patte, ils la trouvent petit à petit, sur scène, en se laissant être eux-mêmes. Leurs personnages tirent le fil de deux gars de province un peu paumés, à la charnière de la trentaine, qui voudraient grandir mais ont du mal à s’extirper des dérives adolescentes. En fait, ce qu’Antes & Madzes racontent, c’est le désœuvrement d’une jeunesse coincée dans la diagonale du vide, et ses corollaires : la solidarité propre aux campagnes, les joies du terroir, l’attachement aux racines. Ils s’amusent des codes ruraux, mais ne basculent jamais dans le cliché : c’est ce qui fait l’intelligence du projet et lui donne une portée fédératrice. L’écriture acérée pointe du doigt les petites choses banales et universelles qui font le réel. Sortes d’anti-héros, Antes & Madzes disent le meilleur et le pire de l’Aveyron, et prennent tous les contre-pieds.

Musicalement, leur singularité vient d’une large palette d’influences, des classiques du rap et de la chanson française aux inspirations plus rock, blues ou électro apportées par Léo Magos notamment. Résultat : des sons composites, énergiques et contemporains mais qui ne courent pas après la mode. « Un joyeux bordel », en somme. Et puis, il y a les clips. Portés par la créativité de Valentin Becouze, ils sont de véritables courts-métrages ancrant plus encore dans le terroir le rap authentique, brut et actuel d’Antes & Madzes.

Texte : Charlotte Izzo – Photos : Valentin Izzo