Avec Jean-Laurent Bouix, le lait de jument a tout bon
Agriculteurs, ils cumulent les casquettes
Les portes de leurs fermes sont souvent grandes ouvertes. Et leurs convictions franchement affirmées. Comme les « slasheurs », ces personnes qui cumulent les jobs pour marier besoins et envie, eux, multiplient les activités pour redonner du sens à leur métier ou créer du lien avec une communauté, un territoire. Néo-paysans en reconversion ou exploitants en quête d’avenir, éleveurs ou cultivateurs, ils sont aussi artisans, commerçants, hôtes ou formateurs… Et témoignent ainsi d’une agriculture à taille humaine qui crée des emplois, et maintient vivantes les campagnes aveyronnaises.
Installé sur une colline au-dessus de Saint-Affrique, Jean-Laurent Bouix produit du lait de jument, avec lequel il fabrique des cosmétiques bios.
Jean-Laurent Bouix a couru d’autres vies pendant vingt-cinq ans avant de se rendre compte qu’il était fait pour rejoindre ce bout du monde. Une colline à l’aplomb de Saint-Affrique, baptisée La Combe de Roqueblanque, où depuis 2009 il réalise son rêve : vivre à la campagne de sa passion pour les chevaux. Aujourd’hui, sur ces 100 hectares de terre en pâture, où cet ancien cuisinier cultive également son propre foin, neuf juments et leurs petits vagabondent dehors toute l’année. « Les poulains naissent au printemps ; je les laisse deux mois tranquilles avec leur mère. Puis je commence à traire ». Jean-Laurent Bouix produit en effet du lait de jument bio selon un rituel fidèle. « Une traite quatre fois par jour, toutes les deux heures et demie, dans une atmosphère propice ». Pénombre et musique de rigueur, « sinon, ça ne marche pas ! ». Une fois congelé, ce lait très fluide au goût sucré et aux vertus nutritionnelles et cosmétiques reconnues, prend le chemin de laboratoires et ateliers d’artisanat locaux, avant de revenir sur l’exploitation sous forme de savons, crèmes ou compléments alimentaires. « J’ai choisi les meilleurs fabricants, le plus près possible de l’exploitation », explique Jean-Laurent, qui se charge ensuite lui-même du packaging et de la commercialisation. Si l’essentiel des ventes se fait via le site Internet, le néo-agriculteur multiplie les occasions de vendre « en direct » : sur les salons bio ou bien-être, et à la ferme, où des travaux sont en cours pour développer les visites et l’accueil pédagogique.
Bio Equin
La Combe de Roqueblanque
Calmels-et-Le-Viala
Tél. 05 65 49 16 44
www.bio-equin.com
Texte : Mélisa Guendouzi
Photos : Luce Dupont