Jean-Rémy Bergounhe – Finadorm
Comment passe-t-on d’une entreprise artisanale fabricante de sommiers à un groupe de 1200 collaborateurs ? Le président de Finadorm, Jean-Rémy Bergounhe, 59 ans, nous dévoile la stratégie du groupe qui siège à Luc-la-Primaube.
Avec un père tapissier et un grand-père ébéniste, vous baigniez dans l’univers de l’artisanat et du bois. Comment vous êtes-vous pris au jeu de la direction d’entreprises et de la stratégie de groupe ?
Rien ne me prédestinait à devenir entrepreneur. Après un CAP menuiserie et deux ans comme cascadeur, j’ai créé Socofal à Millau quand j’avais 20 ans. Ma première opération de croissance externe, je l’ai faite par envie d’aller voir ailleurs, par défi. C’était en 1998 avec le rachat d’un client en redressement à Strasbourg, un négoce de literie. J’ai réalisé que j’étais capable de piloter à distance une entreprise qui n’était pas dans mon métier de base. J’avais créé la holding Finadorm, avec deux entreprises qui marchaient bien : je me suis mis en veille d’opportunités en dehors de la literie pour diminuer les risques.
Vous avez ensuite racheté Fabre en 2002 à Rieupeyroux et Sicob, vous orientant vers la fabrication de chalets de loisirs d’une part, et de maisons ossature bois et habitations légères de loisirs, d’autre part.
Tout à fait, puis je suis entré sur le marché petite enfance en rachetant Mathou à Onet, spécialisée dans le mobilier petite enfance. C’était le type d’entreprise que j’aime : un marché de niche, lié au meuble et au bois, en Aveyron. En 2009, on crée France Literie Expansion pour installer une franchise (103 magasins en France aujourd’hui) et on rachète une petite entreprise de couverture à la Primaube pour l’intégrer à Sicob.
Sur quelle stratégie vous basez-vous ?
Il s’agit d’étendre et compléter notre offre, sur tous nos pôles d’activité. Pour l’hôtellerie et les campings, nous intégrons de nouvelles sociétés sur la fabrication de mobil- homes et les lodges, et sur les oreillers (Biotex à Toulouse). Pour compléter notre pôle petite enfance, nous rachetons Loxos en Normandie, numéro 1 sur le plan de change. Pour étoffer la literie, nous rachetons Dunlopillo en 2020, puis la Compagnie du Lit qui nous offre une belle implantation en région parisienne.
Ce goût de l’action, vous l’aviez déjà tout jeune quand vous étiez cascadeur !
Bien sûr, et j’ai continué la cascade pendant dix ans encore, sur les week-ends. Aujourd’hui je participe au Rallye Dakar (mon 6e en janvier), j’adore la compétition et les grands espaces. C’est comme entreprendre : de la compétition à 360 degrés !
Texte : Agnès d’Armagnac – Photos : Fred Garrigues
Cette croissance rapide et basée sur plusieurs entreprises a-t-elle nécessité une structuration ?
Entre 2017 et aujourd’hui, nous sommes passés de 100 M€ à 260M€ de chiffre d’affaires. Il a fallu consolider le groupe ! J’ai recruté un directeur financier, un directeur ressources humaines, et structuré le groupe en différentes pôles d’activité, ce qui nous donne une bonne visibilité et nous aide à identifier les synergies entre ces derniers. On ne considère pas Finadorm comme un groupe, mais comme une flotte d’entreprises, de 7 à 300 personnes. Nos PME ont l’avantage de conserver agilité et adaptabilité au marché.
Avez-vous mis en place des outils transverses pour gérer cette flotte et lui donner une cohésion ?
Oui, plusieurs. En 2022, nous avons créé la structure juridique Finop, qui va chercher l’efficacité opérationnelle : contrôle de gestion, comptabilité, IT… auprès de chaque entreprise. Puis Finequipe qui a mis en place des groupes de métiers inter-entreprises, de manière à favoriser les échanges. Fininfo est en cours : c’est un système d’information au niveau du groupe (sous forme d’application), pour que tous les collaborateurs soient au courant de ce qui se passe et développer l’appartenance au groupe. Enfin Finaudace (réunions de tous les directeurs généraux avec intervention extérieure) et Finimpact, sur le volet responsabilité sociétale des entreprises (RSE) : bilan carbone du groupe, projets sur des matelas fabriqués avec des produits recyclables et recyclés, conditions de travail, etc. Et depuis 2022, Finadorm s’est doté d’un directeur général, Hervé Cireau.
Quelles valeurs pensez-vous porter au travers de Finadorm ?Humilité, sobriété, sérénité mariées à l’action et la performance. C’est un état d’esprit essentiel pour moi.
Quel est votre moteur personnel ?
Ce métier d’entrepreneur est passionnant, car on n’en voit jamais les limites. On ne s’installe jamais. Mon moteur, c’est de savoir gérer les risques tout en ne se fixant pas de limites. Personnellement, je suis assez réservé et je communique peu, je suis plus à l’aise dans l’action que dans le commentaire de l’action !
FINADORM
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