Conjoncture économique – Les chefs d’entreprise sont minés par des sources d’inquiétude
François Jeambrun (Banque de France) et Dominique Costes (CCI Aveyron) à droite.
Mi figue-mi raisin : voici la situation des entreprises en Occitanie, avec des écarts entre l’hébergement touristique qui cartonne et le BTP qui tousse. Le point avec Dominique Costes, président de la CCI Aveyron et François Jeambrun, directeur départemental de la Banque de France.
Oui, même en temps de crise, l’Aveyron se distingue en France par son dynamisme économique, comme par la qualité des structures financières de ses entreprises. « Ces dernières ont plus de fonds propres, plus de trésorerie, des ratios financiers équilibrés : elles se caractérisent par une gestion en bon père de famille », insiste François Jeambrun, directeur départemental de la Banque de France. Dans la tempête économique causée par la guerre, la hausse des prix de l’énergie et des matières premières, elles serrent les dents afin de ne pas perdre trop de plumes.
L’année 2022 aura été résiliente, avec une croissance du PIB de 2,6%. « Les clignotants qui nous alertent sont liés à la dégradation des carnets de commande et de la trésorerie dans l’industrie et le BTP, analyse François Jeambrun. Les difficultés d’approvisionnement sont encore un problème en janvier 2023 mais rentrent dans l’ordre. En revanche, le marché de l’emploi est extrêmement tendu avec des difficultés de recrutement. » Surtout en Aveyron où le taux de chômage est à moins de 5% !
Heureusement, la menace de la récession est écartée pour 2023 : une croissance de 0,3 % est attendue. « Notre première préoccupation, c’est l’inflation, le pire ennemi de la confiance et de la croissance. Le pic devrait être atteint en mai-juin 2023. La Banque centrale, en remontant les taux d’intérêt, espère revenir à un taux d’inflation de 4% en 2024 et 2% en 2025. »
D’après l’enquête annuelle de la Banque de France en Occitanie, l’activité industrielle a repris des couleurs en 2022, tirée par l’aéronautique, contrairement à l’agroalimentaire qui a sous-performé. Le BTP est le secteur le plus en souffrance, avec une quasi stagnation de la production et des effectifs en baisse – mais devrait reprendre des forces en 2023. Dans les services, l’hébergement tire son épingle du jeu avec une belle augmentation de la rentabilité.
Côté défaillances d’entreprises, l’Aveyron en aura connu 94 en 2022, représentant 327 emplois. Après deux années clémentes et la mise sous perfusion de l’économie, la réalité reprend ses droits. « On retrouve le niveau d’avant Covid, avec une différence : les entreprises vont parfois directement à la liquidation », note Dominique Costes. Pour la CCI, les points de vigilance en 2023 sont liés au recrutement, nécessitant « un travail sur l’attractivité du territoire et le développement de nos formations, pour garder le maximum de nos jeunes ». La transmission d’entreprises toujours, quand plus d’un tiers des chefs d’entreprise ont plus de 55 ans, enfin la sécurisation des coûts de l’énergie. « Les chefs d’entreprise sont minés par des sources d’inquiétude : l’approvisionnement, la capacité à maintenir leurs stocks… Même s’ils ont du travail, ils voient un mur en face d’eux et ne savent pas comment le franchir », conclut le président de la CCI Aveyron.
Texte : Agnès d’Armagnac – Photos : Fred Garrigues
Votre entreprise va mal ?
Règle d’or : anticipez ! Vous pouvez rencontrer la Cellule de prévention à la CCI Aveyron, restructurer PGE et crédits auprès de la Médiation du crédit porté par la Banque de France, consulter le conseiller départemental à la sortie de crise à la DGFIP, vous renseigner sur des démarches préventives au Tribunal de commerce en amont du redressement.