PAULINE FERRIÈRES – Le design éthique de DEYI

A 25 ans, Pauline Ferrières est entrepreneuse culturelle au sein de la marque de mode DEYI, qu’elle a cocréée. Objectif : permettre à des peuples indigènes chinois de perpétuer leur savoir-faire en matière de tissage de coton.
DEYI, le nom de la marque, est déjà une signature : DE signifie éthique, vertu en chinois ; YI art de vivre en harmonie avec la nature. L’aventure lancée par cette jeune Aveyronnaise, obstinée, avide de projets « qui ont du sens », est belle et forte car elle s’inscrit dans la transversalité des cultures et la protection d’un patrimoine en perdition, de l’autre côté de la planète. L’histoire de Pauline Ferrières démarre à Rodez, jusqu’au bac, à Toulouse avec une prépa éco, Nantes au sein de l’école de commerce Audencia puis à Pékin en stage dans un centre culturel.
Dès cette année 2018, en Chine, la jeune Aveyronnaise (qui a appris le chinois à l’école) devient agent d’une artiste calligraphe – elle organisera d’ailleurs une expo dans le cadre du musée Soulages, dont elle est fan. Elle y rencontre Zhang Xing, designer chinois qui devient son mentor et l’initie à l’art traditionnel du thé, ou encore floral, puis la designer espagnole Adriana Cagigas. Ce sont des voyages au sein de provinces du Sud-Ouest de la Chine, où vivent des peuples autochtones dont l’économie est basée sur le textile, qui vont sceller leur projet : développer une marque de mode éthique, qui se fournisse en tissu de coton auprès de ces peuples au savoir- faire artisanal en perdition, les peuples Miao, Dong et Yao. « Nous relocalisons les plants de coton aujourd’hui avec une coopérative formée sur place », raconte Pauline Ferrières. « Nos échanges sont très forts. Et les textiles faits à la main par ces femmes sont exceptionnels. C’est aussi une manière de revaloriser l’image du made in China ! »
La première collection créée en février 2020, a été présentée à la Fashion Week de Madrid. « C’était incroyable de voir ces tissus collectés au fin fond de la Chine et exposés sur des mannequins devant 1000 personnes ! » Deux ateliers de confection ont été ouverts à Pékin et à Madrid, ainsi qu’un espace de vente dans la capitale espagnole qui présente aussi des expériences autour de l’art du thé, la méditation, l’art de vivre chinois.
Depuis l’an dernier, la crise sanitaire a contraint Pauline à rester en Aveyron. L’occasion pour cette entrepreneuse culturelle de développer une masterclass avec le vidéaste aveyronnais Rémy Attanasio (AR Productions) sur la philosophie chinoise (premier cours en ligne en janvier 2022 sur le site de DEYI). Mais aussi d’organiser une performance au barrage de Montezic, avec le calligraphe aveyronnais Chris Calvet et des danseurs. « J’aime développer ces projets ici, sensibiliser les gens à la culture chinoise, ouvrir des portes chez les gens ! »
Texte : Agnès d’Armagnac – Photo : Franck Tourneret

