Barnabé – « Un besoin de concret »
Passer du bureau au champ ou à l’atelier
Graphiste, ingénieur, architecte, conseiller à l’emploi… Ils ont quitté leurs fonctions pour s’épanouir dans un mé- tier manuel, artisanal ou agricole ; pour s’ébrouer au grand air, façonner du bon pain ou créer de leurs propres mains. Une reconversion professionnelle en forme d’accomplissement personnel pour vivre au boulot, comme à la maison, en accord avec leur éthique. Rencontre avec ces néo-agriculteurs ou néo-artisans aveyronnais qui ont emprunté cet itinéraire.
A l’aube de ses 30 ans, Matthieu Lunet, diplômé d’une école de commerce, s’est réinventé un parcours professionnel plus juste dans l’artisanat.
Matthieu Lunet a lâché sa première vie professionnelle dans le marketing pour devenir apprenti. « Un besoin de concret ; de travailler avec les mains », justifie ce diplômé d’une grande école de commerce, qui a toujours eu la curiosité des matériaux. « Le bois, c’était la passion de mon père. Il me l’a transmise, mais c’est seul que j’ai développé et affirmé mon goût ». Matthieu Lunet allait ainsi sur ses 30 ans lorsqu’il est retourné sur les bancs de l’école Boulle pour nourrir et légitimer son savoir-faire artisanal. CAP d’ébénisterie en poche, « ma formation la plus épanouissante » dit-il, il a créé une activité qui lui ressemble : Barnabé, sa maison d’édition de mobilier design, dont l’atelier se situe à Luc, et le show-room à Paris. « J‘ai grandi dans la capitale, mais je passe toutes mes vacances en Aveyron », explique-t-il, « J’ai toujours eu cette vie bicéphale et aujourd’hui, je navigue encore entre les deux zones selon les besoins, les envies ».
Cette ambivalence se retrouve dans son travail. « Mes meubles sont simples, mais présente un caractère ou une singularité esthétique importante. De la même manière, j’aime jouer sur les équilibres, avec des tables à deux pieds qui sont pourtant très stables ». L’artisan designer fabrique la plupart de ses tables, tabourets, consoles, qui sont tous personnalisables – « je ne vends jamais deux fois le même meuble »- ou sous-traite une partie de l’ouvrage à des artisans locaux. Il assure aussi lui- même la commercialisation, après s’être aventuré sans succès dans les boutiques éphémères ou chez les revendeurs Internet : « Je suis finalement mon meilleur commercial ».
Texte : Mélisa Guendouzi – Photos : Barnabé Design