Les tampons de Roser – La tradition des ex-libris réinventée
Entre beaux-arts et littérature, l’activité de Roser réveille avec pétulance la tradition surannée des ex-libris dans des tampons très à la page.
Son métier évoque l’ambiance studieuse des salles de bibliothèque, et en même temps, l’enthousiasme de lecteurs qui défendraient tel ou tel roman. Depuis le mois de novembre 2016, Roser fabrique, dans sa maison de La Fouillade, des ex-libris : « La coutume remonte à l’invention de l’imprimerie », raconte-t-elle, « Ces tampons rares, sinon uniques, étaient souvent réalisés par des artistes et servaient à mentionner le nom du propriétaire sur un ouvrage ». La jeune femme, originaire de Barcelone, a donc conjugué son passage aux beaux-arts et ses études de littérature et philosophie, pour revisiter cette tradition chère aux amoureux des livres. Oscar Wilde, Arthur Rimbaud, Beaudelaire, Marcel Proust, Jane Austen, Federico Garcia Lorca, « des écrivains que j’aime bien », ont ainsi « ressuscité » entre ses mains. De même que certaines grandes figures du féminisme : Olympe de Gouges, Virginia Wolf ou Hypatie–la directrice de la bibliothèque d’Alexandrie. Roser leur taille le portrait sur de petits carrés de linoléum -5 cm x 7 cm en général. Un travail pointilleux et détaillé qui demande pas mal de discipline -et de talent !- pour restituer les traits du visage de chaque auteur, et faire en sorte qu’ils ressortent parfaitement après le plongeon dans l’encrier.
« Des phrases inspirantes »
Ces représentations littéraires et littérales s’accompagnent généralement d’une citation, « d’une phrase inspirante » : « On n’aime que ce qu’on ne possède pas tout entier » pour Proust ou « Il faut être absolument moderne » dans la bouche de Rimbaud. « Tous mes acheteurs sont des lecteurs ou des personnes qui aiment la papeterie ». Pour que chacun puisse « tamponner son nom sur la page de garde » d’un bouquin, Roser propose de personnaliser ses gravures à leur patronyme. La jeune femme, qui a autant de succès en Espagne qu’en France, fabrique aussi des tampons pour les associations, les commerces, les entrepreneurs… Mais revient toujours à ses premières amours : « J’aimerais créer des séries autour d’un auteur et d’un ouvrage -Herman Melville et Moby Dick par exemple- ou d’un genre : la poésie, le polar… C’est ce que la littérature a de bien : elle permet de piocher des tas d’idées ».
Texte : Mélisa Guendouzi – Photos : Franck Tourneret
Les Tampons de Roser
www.lestamponsderoser.com
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