Villefranche-de-Rouergue – Sous un coup de fouet cinématographique
L’AVEYRON FAIT SON CINÉMA
Dans un secteur du cinéma très centralisé, le territoire aveyronnais, éloigné des forces vives et des ressources humaines, séduit malgré tout des sociétés de production d’envergure, en France mais aussi à l’international. A commencer par Villefranche-de-Rouergue, transformée en champ de bataille cet été dans le cadre d’une série Netflix (voir photos). Notre équipe en a profité pour rencontrer plusieurs acteurs de la réalisation et la production audiovisuelle, qui veulent fédérer les professionnels comme l’association Grands Causses Cinéma, qui militent pour un souffle créatif en pleine campagne à l’instar d’AnderAndera Production, ou qui ont été conquis par l’Aveyron comme Florent Verdet dont la société de production francilienne entre2prises se positionne résolument sur le cinéma d’auteur. Moteur… action !
Le tournage de la série Netflix a eu lieu en juillet mais la mairie de Villefranche collabore depuis janvier avec la production. Un travail de séduction, puis de soutien. Et un engouement local incroyable.
Il fallait voir la bastide transformée en décor de guerre, des amas de pierres encombrant les rues, devant les devantures Belle Epoque. Les figurantes portaient des robes d’époque et les cheveux relevés en chignon, les hommes avec leurs couvre-chefs, des soldats en uniforme, un char américain de 40 tonnes… La place Notre-Dame et les rues alentour ont été témoins d’explosions, de véhicules en feu et autres effets pyrotechniques. Un décor impressionnant destiné à l’adaptation télévisuelle du roman All the light we cannot see, prix Pulitzer 2015, dont l’action se tient à Saint-Malo durant les derniers jours de l’occupation allemande. Les scènes en intérieur, elles, ont été tournées en studio à Budapest en juin.
Un tel événement bouleverse la vie d’une ville. « J’ai été enthousiaste dès le premier jour car j’y ai vu une opportunité », raconte Jean-Sébastien Orcibal, maire de Villefranche-de-Rouergue, qui y mène une politique de redynamisation urbaine. Ce projet américain arrivait à point nommé ! «D’abord, ce tournage représente une reconnaissance par rapport à un patrimoine exceptionnel et un cadre conservé, avec une forte identité Belle Epoque. » Dès les premières rencontres avec Peninsula Production, la mairie a joué « les commerciaux de la ville ». Elle a mis gracieusement à disposition plusieurs locaux:l’ancienne sécurité sociale pour l’administration de la production, le local Starjouet pour le casting des figurants et le tournage, l’ancien bâtiment Lisi pour la fabrication des décors et des costumes…
«Le seul frein était le marché en pleine saison touristique. Netflix a su s’adapter au niveau des décors et du tournage pour que le marché ait lieu tous les jeudis. » Quant aux commerçants dont l’activité a été impactée, des dédommagements par la production ont été prévus. Certaines façades ont été repeintes par les décorateurs, à l’instar du salon de coiffure de Pascal Ricomes (voir photo) qui a d’ailleurs tourné plusieurs scènes comme figurant aux côtés de sa fille Audrey…
Car le casting des figurants, en avril dernier, suscitait déjà un engouement extraordinaire. Plus de 1500 personnes sont venues postuler, pour 500 places ! Côté hôtellerie-restauration, c’était aussi carton plein. Gîtes et hôtels se sont remplis jusqu’à Figeac – les équipes de Netflix totalisant bien 200 personnes. Les retombées économiques de ce tournage sont estimées autour de 2 millions d’euros. Sans compter les curieux qui viendront visiter ces lieux de tournage, après la sortie au printemps prochain.
« Depuis le début de notre mandat, nous avons nettoyé la ville, un travail de fourmi qui a participé à séduire Netflix. On espère que la série aura du succès, qui pourra être un argument d’attractivité pour notre centre-ville où nous souhaitons réactiver les boutiques qui ont fermé », conclut le maire de la bastide.
Texte : Agnès d’Armagnac – Photos : Franck Tourneret & Doane Gregory / Netflix